Les premiers pilotes d’Israël

23.03.15
L’équipe éditoriale de Tsahal

Clandestin, intense et rapide sont trois mots qui caractérisent à la perfection le premier cours des pilotes israéliens, qui s’est tenu en Tchécoslovaquie et en Italie en février 1950. Voici comment des survivants de la Shoah, des immigrants et une poignée de volontaires sont devenus l’élite l’aviation israélienne.

Le premier cours des pilotes de l’Armée de l’Air israélienne prenait place il y a 65 ans, sur la base militaire de Sirkin dans le centre du pays. Mais la véritable formation des 40 premiers pilotes de chasse de Tsahal avait débuté deux ans auparavant.

Sur une colline de Rome, non loin d’un petit aérodrome, se tenait une magnifique maison comme on en trouve parfois dans la campagne italienne : la Villa Lucheli. Mais il ne s’agissait pas là de la résidence d’un aristocrate italien, non. C’était en fait les “quartiers” du premier cours des pilotes de Tsahal. A la même période en Tchécoslovaquie, l’autre moitié des cadets commençait sa formation. En 1948, le tout jeune État d’Israël, confronté aux attaques des forces aériennes des différents pays arabes, était en manque de pilotes et il fallait résoudre ce problème le plus rapidement possible. L’embargo qui était imposé à Israël à l’époque a fait que la formation des pilotes devait se tenir loin du regard du public.

L’amour pour l’aviation et pour Israël ont mené ces 13 cadets à devenir les premiers à recevoir leurs “ailes” de pilotes directement du Premier Ministre de l’époque, David Ben Gourion, et à devenir les pionniers et fondateurs de l’Armée de l’Air israélienne.

ACCOMPLIR UN RÊVE

En 1945, la Deuxième Guerre Mondiale prend fin, et un groupe de survivants juifs de la Shoah quitte la Pologne pour l’Italie. Ze’ev Liron, membre du mouvement de jeunesse sioniste à Auschwitz, était l’un d’entre eux. Il ne rêvait pas d’aviation, mais d’Israël. “Je voulais venir en Israël par n’importe quel moyen possible”, se souvient-il.


Ze'ev Liron, jeune élève-pilote de Tsahal

Contrairement à Liron, Hugo Marom a toujours rêvé d’être pilote, avant même que la guerre mondiale ne se termine. Après avoir atteint l’âge de 17 ans, Hugo a rejoint l’Air Training Corps de la Royal Air Force, dans lequel les adolescents britanniques s’entraînaient à la navigation avec l’espoir de devenir un jour aviateur militaire. “Je rêvais de devenir pilote depuis mon enfance”, se souvient Marom. “J’étais prêt à faire n’importe quoi pour rejoindre le cours.” Son rêve s’est réalisé à peine quelques années plus tard quand Ben Gourion a lancé le premier cours des pilotes qui se tenait en Tchécoslovaquie et en Italie.


Hugo Marom de nos jours

“LA VOLONTÉ DE SE BATTRE”

Leur formation s’est tenue dans des écoles civiles qui délivraient des licences de pilotes privés, et ce en raison de l’interdiction d’entraîner des soldats israéliens à l’étranger. Pour apprendre à devenir des pilotes de chasse, les cadets ont dû remplir des missions de transport sur des vieux monomoteurs de reconnaissance au dessus de la Tchécoslovaquie et de l’Italie.

La moitié des cadets participant à l’entraînement en Italie étaient des survivants de la Shoah. “Le psychologue m’a convoqué à plusieurs reprises pour m’interroger sur ce que je ressentais pendant mes heures de vol”, explique Liron. “Je sentais qu’il y avait dans ces entretiens répétés quelque chose d’étrange. Ce n’est que plus tard que l’on m’a appris que le psychologue ne comprenait pas comment une personne ayant été internée en camp d’extermination pouvait gérer le stress généré par le métier de pilote de chasse. Pour moi, la transition était évidente. L’auto-discipline et la volonté de se battre étaient depuis longtemps en moi.”

Les six mois suivants d’entraînement se sont déroulés en Israël, et c’est sous le soleil écrasant d’une journée d’août 1950 que les 13 nouveaux pilotes reçurent leurs ailes. Depuis, des milliers d’autres recrues ont été entraînées par l’Armée de l’Air israélienne avec pour seul objectif la défense de l’État d’Israël.