David, c’est ton sourire qui nous manquera le plus
David Biri était un garçon malicieux et très doué. Il naît le 6 avril 1981 et grandit dans la région d’Arnona à Jérusalem avec ses deux parents Hannah et Shmouel et ses trois frères et soeurs : Eynav, Oz et Noy. Après son enrôlement dans Tsahal, David rejoint la brigade Givati. Le 27 septembre 2000, alors que lui et son peloton sont en mission, ils sont victimes d’un attentat : une explosion a lieu en bordure de route. David, gravement blessé à la tête, s’éteint quelques heures après laissant derrière lui sa famille, ses amis, ses commandants qui ont tous été marqués par sa personnalité si unique. Trois semaines plus tard, la douleur est tellement insupportable que son meilleur ami se suicide.
David a étudié à l’école Zalman Aran à Jérusalem et a poursuivi son enseignement au Lycée Hébraïque de Jérusalem. Il avait pour habitude d’inscrire “Biri numéro 1” sur ses cahiers. Selon les professeurs, David et son meilleur ami Elad Hirshenzon se soutenaient toujours. Elad orchestrait les chansons que David écrivait. Ce duo inséparable organisait de nombreux événements au sein de la classe et ils adoraient faire ça côte à côte.
“David et Elad, un duo rare et complice, ont marqué les esprits pendant la cérémonie de fin d’année. Tous ceux présents ont vu le respect qu’ils recevaient de toute la classe, ont vu cette incroyable amitié, cette vitalité et cette fraîcheur.”
Mais bien que très doué, l’école était secondaire pour David puisqu’il passait la plupart de son temps à participer aux activités de son centre d’intérêt principal : le scoutisme. Au début, il était simplement apprenti, puis il est devenu animateur et enfin il a été à la tête d’un groupe. La dernière année, alors qu’il faisait partie des anciens, David et ses amis ont fondé une nouvelle tribu dans le quartier de Shilo à Jérusalem. Il faisait partie intégrante de cette grande nouveauté et aucune décision n’était prise sans son accord. Il a appelé cette nouvelle tribu “Oz”, nom de son petit frère.
David Biri
Roni Shechter, une amie proche de David, se rappelle aussi de sa personnalité si attachante : “ce qui ressort de tous ces souvenirs, c’est une image unique et spéciale qui m’a particulièrement marquée - c’est ce sourire de vainqueur, celui qui se transpose dans chacun de mes souvenirs. Ce même sourire qui allait jusqu’au coin de tes yeux et qui signifiait beaucoup pour moi. Il symbolisait ta capacité à tout prendre à la légère, à ne pas s’entêter pour des choses inutiles, à voir que peu importe ce qu’il arrive, tu en ressortiras meilleur. C’est ce sourire qui te permettait de donner ton avis de la manière la plus agréable qu’il soit, ce sourire qui donnait à chacun l’envie de t’avoir à ses côtés. Ce même sourire qui laisse derrière toi une nostalgie immense.”
En juillet 1999, David franchit une nouvelle étape de sa vie. Il s’enrôle dans Tsahal. Il était évident qu’il allait servir dans une unité d’élite. Bien qu’il ait été choisi pour passer les examens de pilote, il voulait devenir combattant dans les Forces Terrestres. Il est donc arrivé dans la compagnie de l’Ingénierie de la brigade Givati, a passé des tests et a décidé de servir dans l’unité de désamorçage et du génie militaire, car là bas, il y avait plus “d’action”.
Au début de sa tironout (entraînements de base), David part suivre le cours d’infirmiers pendant trois mois et le valide avec excellence. Après cela, il retourne finir sa tironout et son entraînement avancé qu’il termine aussi excellemment. Dans sa propre équipe, David devient rapidement le point d’ancrage grâce à sa personnalité de vainqueur et sa capacité à mélanger sérieux et professionnalisme avec légèreté et sourire.
Par la suite, sa bonté et sa justesse auprès de tous lui ont ouvert les portes du cours d’officiers. Ses commandants le décrivent comme ayant été un soldat calme, responsable, qui aidait tous ses camarades et qui arrivait en tête des courses et de tout autre exercice.
Le 27 septembre 2000, David et son peloton partent pour leur première vraie mission. A dix heure du soir, à un carrefour de la ville Nitzanim, le convoi de soldats est victime d’un attentat. Une explosion a lieu en bordure de route. David a immédiatement sauté hors de la Jeep pour s’assurer qu’il n’y avait aucun blessé parmi ses camarades. Alors qu’il retourne vers la voiture, une deuxième explosion a lieu. Elle le blesse gravement à la tête et il succombe à ses blessures, alors âgé de 19 ans. David, victime de cet attentat, a été le premier mort de la deuxième Intifada.
Les personnes avec qui il était entouré pendant son service militaire ont toutes été choquées par cet événement tragique. Le commandant de l’unité, le capitaine Gal Tamir, raconte dans une lettre qu’il a envoyée à la famille de David : “j’ai reçu de vous un instrument de perfection, un soldat doué, professionnel et aux belles valeurs, un combattant déterminé et qui se bat pour ses principes d’une manière exceptionnelle. Il a toujours su pousser ses amis vers l’avant. Votre David était le résultat d’une éducation sioniste et de valeur qui a créé chez lui toutes les qualités d’un excellent combattant, d’un excellent ami, d’un excellent fils. J’aurais aimé souhaiter à toutes les unités d’avoir un combattant comme David, à tout Israël d’avoir un ami comme lui et à moi, si seulement j’avais pu, d’avoir un fils comme lui. Mais dans ses qualités, David a trouvé la mort. Lorsque les explosions de l’attentat ont eu lieu près de la voiture, David a sauté hors de la Jeep avec sa détermination habituelle et s’est empressé d’aller apporter son aide aux personnes restées à l’arrière.”
Le sous-lieutenant Noam Zisman, le commandant de l’équipe qui a été légèrement blessé pendant l’attaque, raconte à propos de David :
“Tu étais un vrai soldat qui se battait avec son coeur. Je pense que ta plus grande qualité était l’amour d’autrui, de ton prochain et de la vie...David...tu étais une personne vraie et oui, tu étais un homme avec des valeurs, des principes, de la force et la détermination de vivre.”
Son commandant décrit les derniers moments de David avant l’explosion : “lorsque la première explosion a eu lieu, tu as juste su garder ton sang froid. Tu as été le premier à t’en remettre. Ton instinct et ton coeur t’ont poussé à sortir du véhicule. Tu n’as pas hésité une seule seconde, tu savais que c’est ce qu’il fallait faire et tu l’as fait à la perfection, jusqu’à ce que la deuxième explosion retentisse et te tue...C’est ton sourire qui nous manquera le plus, ton rire qui nous faisait tous chaud au coeur, tes yeux qui brillaient et qui illuminaient toujours la pièce.”
Les amis de David à son enterrement
Dans sa famille, le drame est insoutenable. Son frère, Oz, se souvient de lui comme d’un grand frère, comme d’un vent de folie, comme d’un modèle. “Adolescent d’à peine 12 ans, je n’ai pas tout de suite compris la phrase “ton frère David vient d’être tué”...Tu me manques, mon frère David, énormément...Ton rire qui résonne dans la maison me manque, ton regard me manque, ton sourire me manque, ta folie et ta joie de vivre que tu laissais derrière toi me manquent. Entendre ton “sababa” (tout va bien) même dans les moments les plus durs me manque...”
Un autre événement tragique s’est produit trois semaines après le décès de David. Son meilleur ami Elad s’est suicidé. Le décès de ces deux amis ont énormément affecté leurs camarades qui se souviennent de cette incroyable complicité qui permettait à tout le groupe de rester soudé, d’être vainqueur. Ils ne faisaient qu’un, que ce soit en sorties, en séminaires, le soir en prenant un verre ou lors de discussions plus profondes. A chaque instant, à chaque moment, à chaque événement, ils ne faisaient qu’un. Depuis que David et Elad ne sont plus là, c’est autre chose. Tout le groupe s’est dissout, chacun s’est replié sur lui même, chacun est de plus en plus nostalgique, de jour en jour. Ils essaient tous de faire face à cette douleur insupportable, à ce vide si évident, à cette tristesse dans le coeur. Ils essaient de s’habituer à cette nouvelle atmosphère, étrange, folle... avec quelque chose qui manque, dans le corps, dans le coeur, partout...Avec quelque chose qui empêche le groupe d’être à nouveau “un”.
David est aujourd’hui enterré au cimetière militaire de Jérusalem. Il a laissé derrière lui ses parents, ses deux soeurs Eynav et Noy et son frère Oz. Le foyer d’habitation de la tribu “Oz” porte aujourd’hui le nom de David Biri et de son ami Elad Hirshenzon. En leur souvenir a également été fondée une salle de sport dans le Lycée Hébraïque de Jérusalem.