Trois soldats et trois handicaps. Une armée et un drapeau.

Aujourd’hui, nous célébrons la Journée Internationale des personnes handicapées. Mise en place à l'initiative de l’Organisation des Nations unies, cette journée vise à refléchir, discuter et agir pour la communauté des personnes handicapées. Tsahal compte depuis longtemps des soldats qui, malgré leurs handicaps, se portent volontaires et décident de rejoindre les rangs de l’armée israélienne, comme tout autre soldat. Voilà l’histoire de trois de ces soldats.

03.12.13
L’équipe éditoriale de Tsahal

YUVAL - LIEUTENANT COLONEL DE L’ARMÉE DE L’AIR

“Quand j’étais enfant, je traînais avec les enfants des pilotes de l’escadron de mon père. En grandissant, il était clair pour moi que j’allais devenir pilote”, raconte Yuval Wagner, lieutenant-colonel de l’Armée de l’Air.

Après avoir terminé la longue formation basique de l’académie, il rejoint l’escadron nord Cobra. Lors de la dernière phase d’entraînement, il a effectué un vol avec le commandant de son escadron. “Le temps était parfait. Mais une fois dans les airs, alors que nous étions juste au dessus du plateau du Golan, l’hélicoptère a commencé à fortement trembler. Avant même que l’on puisse réagir, il s’est mis à dériver vers la gauche et nous avons réalisé que nous allions nous crasher”, raconte t-il encore la voix vibrante. Son commandant est mort sur le coup et Yuval a pu être sauvé par l’unité 669 de l’Armée de l’Air mais non sans dommage. Sa colonne vertébrale a été brisée au niveau du cou et il est désormais forcé de se déplacer en fauteuil roulant pour le restant de sa vie. Après 8 mois de rééducation, Yuval est retourné à l’armée mais cette fois dans l’unité informatique de l’Armée de l’Air et par la même occasion obtenir un diplôme académique dans le cadre de son service. Il y a 13 ans, il a créé l’association “Access Israël” qui s’assure du bien-être des personnes handicapées en Israël.

“Je pense que mes enfants et mes petits-enfants sont fiers de moi. Ils sont fiers que j’ai été pilote et qu’aujourd’hui encore je travaille pour l’Armée de l’Air”.

SHARON - CAPORAL DE L’ÉCOLE DES DRONES DE TSAHAL

Le caporal Sharon Vardi est malentendante depuis toute petite et a un appareil auditif depuis les premières années de sa vie. Elle a également subi une opération quand elle était au collège pour lui permettre de mieux entendre. Lorsqu’elle a atteint l’âge où tous les jeunes de son école s’apprêtaient à commencer leur service militaire, elle a appris qu’elle était dispensée de ce devoir. Mais forte et déterminée, elle voulait donner à son pays.

“Je voulais être comme mes amis, comme toutes les filles de ma classe”, explique t-elle. “Je voulais faire l’armée car c’était important pour moi de devenir plus mature et d’être comme les autres et surtout, je voulais donner à mon pays, à Israël. C’est indispensable”

En août 2012, Sharon a donc tourné une nouvelle page dans sa vie et a commencé à servir dans Tsahal, dans l’école des drones de l’Armée de l’Air israélienne. Son rôle ? S’occuper de l’enrôlement des réservistes, prévoir les heures de vol des drones, organiser les heures de classe des soldats en formation dans l’école. Au début, elle explique que ce n’était pas toujours évident. Parfois, elle n’entendait pas lorsqu’on lui parlait d’une autre pièce ou au téléphone. Sa commandante, le sergent-chef Alona Zaga, explique que lors des premières semaines, il était difficile pour elle de comprendre ce qu’elle pouvait ou non attendre de Sharon. “Au départ, le poste n’existait pas dans l’école. Il a donc été créé pour elle mais au final, il était réellement nécessaire. Un peu renfermée lors de ces premiers jours, je peux affirmer qu’aujourd’hui, elle s’est complètement ouverte et nous aussi par la même occasion et ce n’est que grâce à elle. L’arrivée de Sharon a était la plus belle des leçons pour nous tous.” Il était important pour Sharon de faire passer un message à tous ceux qui comme elle, ne sont à priori pas forcé de servir dans Tsahal.

“Engagez-vous ! Portez-vous volontaires ! C’est ce qu’il y a de plus important. Aujourd’hui, je me sens comme n’importe quel autre soldat. Je me suis engagée là où je le souhaitais. J’ai mûri comme je l’espérais. Je sers mon pays comme je le rêvais.”

YEHONATAN - OFFICIER DANS LE CORPS ÉDUCATIF

Le capitaine Yehonatan Cohen est différent des autres officiers de Tsahal. Né prématurément avec un problème d'oxygénation du cerveau, il a subit une paralysie cérébrale à la naissance qui l’a handicapé à vie, l'empêchant de marcher et de bouger les mains. Accompagné de son auxiliaire de vie, Yehonatan arriva au bureau d'enrôlement de l'armée mais s’est entendu dire immédiatement que sa condition ne lui permettrait pas d’effectuer son service. “Quand tous mes amis ont reçu leurs ordres d’enrôlement, j’ai décidé qu’en dépit de tout, je voulais aussi m’engager”, se souvient Cohen. Après s'être battu longuement, il réussit à réaliser son rêve et a enfin commencé son service militaire dans Tsahal.

Il a commencé par servir dans le Corps éducatif où il était en charge de conseiller les adolescents avant qu’ils ne commencent leur service. Après 9 mois dans Tsahal, il décida d'intégrer le cours d’officiers puis retourna dans son unité. Ses commandant qui avaient vu en lui un grand potentiel pédagogique décidèrent de le promouvoir dans une unité d'élite dans laquelle il enseigna des cours sur l’histoire de l’Islam.

Lorsqu'on lui demande s'il a un message pour d'autres handicapés, il n'hésite pas une seconde : “je pense que nous, les personnes handicapées, nous avons à essayer autant que possible d'intégrer pleinement dans la société dite « normale ». Nous devons mettre toutes nos forces pour continuer la révolution que nous avons commencé ici en Israël et partout dans le monde. Nous faisons partie de cette société. Juste continuez à vous battre tous les jours".

L’armée est un endroit où chacun peut avoir sa chance, peu importe sa situation, peu importe son origine. L’association Maghsimim Halom - Mitgaysim leTsahal vient justement en aide aux moins favorisés. Voilà leur travail en images :