Des soldats unis depuis la Guerre d’Indépendance

En 1948, les soldats de la brigade Alexandroni, l’une des premières brigades de Tsahal, sont immédiatement plongés au cœur de la Guerre d’Indépendance. Les liens qui les unissent sont particulièrement forts du fait de l’intensité de leurs missions. Aujourd’hui, les anciens combattants de cette brigade sont fiers de se retrouver pour commémorer leur contribution à l’Indépendance d’Israël.

03.06.13
L’équipe éditoriale de Tsahal

Benzion Frieden naît aux Etats-Unis en 1917. Lorsqu’il a 3 ans, sa famille décide d’immigrer en terre d’Israël. Enfant et adolescent, Benz, comme il est d’usage de l’appeler, étudie à Jérusalem et à Tel Aviv. Il est par la suite enrôlé dans la Haganah. C’est véritablement l’événement qui va changer sa vie.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est renvoyé dans son pays d’origine. « La Haganah avait décidé d’envoyer ses soldats nés à l’étranger dans l’armée américaine. Là-bas, on devait apprendre à piloter », explique Benz.

« Mais arrivé aux Etats-Unis, j’ai découvert que j’étais daltonien, et que par conséquent, je ne pourrai pas être pilote. J’ai donc décidé d’étudier pendant un an la mécanique. Quand je suis revenu dans l’armée américaine, j’ai été placé responsable de cinq avions. »

A la fin de la guerre, Benz retourne en Israël et rejoint de nouveau la Haganah. En mai 1948, les armées voisines envahissent le tout jeune Etat d’Israël. Benz est alors assigné à la tête d’un bataillon de la brigade Alexandroni. Peu de temps après, il prend la commande de la brigade toute entière – un poste qu’il tiendra jusqu’à sa dissolution.

Benz remarque que la camaraderie au sein de ses soldats passe au dessus de tout.

« La chose la plus importante était la colle qui nous soudait tous ensemble, qui ne laissait personne à l’écart. Nous ne faisions qu’un, et c’est ce qui comptait », explique-t-il.

La Guerre d’Indépendance achevée, Benz – alors devenu colonel – continue de servir dans Tsahal. En 1957, Benz se fait tiré dessus par un infiltré ayant traversé la frontière Jordanienne dans le sud d’Israël. Il quitte donc l’armée mais continue à jouer un rôle important dans la défense d’Israël. Il devient employé du ministère de la Défense. Aujourd’hui âgé de 96 ans, Benzion Frieden participe toujours aux cérémonies de sa brigade. Ceci reflète la force des liens qui unissaient les soldats à l’époque.

Menachem Kanetti, né en Turquie en 1930, immigre en terre d’Israël avec toute sa famille lorsqu’il a 5 ans. « Mon père était médecin dans un village près d’Istanbul. On ne manquait de rien », explique Menachem. « Il faisait partie de ce qu’on appelait à l’époque, l’Intelligentsia des juifs de Turquie. Ils l’ont envoyé à l’armée pour servir comme médecin. Mais il ne pensait qu’à une chose : faire son alya et venir en Israël. Il s’est donc enfui de l’armée turque. Il était sioniste et il savait que c’était notre place – la seule et l’unique. »

Quand la famille de Menachem arrive en Israël, ils s’installent tous à Kfar Saba. « Il y avait là bas une grande communauté de juifs parlant le Ladino, dont ma famille », explique t-il. Adolescent, Menachem travaille dans une industrie de diamants à Netanya, au nord de Tel Aviv et rejoint ensuite la Haganah.

« A l’âge de 14 ans, j’étais déjà soldat. Les Anglais affichaient partout que, quiconque trouvé avec une arme sur lui serait condamné à mort. On interdisait aux juifs d’avoir des armes, on s’en est donc procuré illégalement », dit-il.

Plus tard, Menachem est recruté dans la brigade Alexandroni et fait donc partie des soldats combattants de la Guerre d’Indépendance. Beaucoup de ses camarades tombent pendant la guerre. C’est en 1951 que Menachem finit son service dans Tsahal, mais il continue à servir comme réserviste pendant encore 36 années – les six dernières volontairement. Il s’est donné comme devoir de transmettre à ses enfants l’importance de servir leur pays. Ils ont tous été soldats de Tsahal, ce dont Menachem est particulièrement fier.

Les anciens membres de la brigade Alexandroni ont décidé de commémorer comme il se doit la contribution de leur brigade à l’indépendance de l’Etat d’Israël et de se souvenir des soldats qui ont risqué et parfois donné leur vie pour le défendre.

Il existe aujourd’hui neuf sites commémorant les membres décédés de la brigade Alexandroni – tous situés dans des zones auparavant défendues par ces mêmes soldats. Le site principal, situé à Netanya, rassemble les noms de plus de 449 soldats qui ont perdu la vie dans la Guerre de l’Indépendance.

Aujourd’hui, chacun de ses neufs sites accueille annuellement une cérémonie commémorative. Nombreux sont les anciens combattants de la brigade à venir assister à ces événements. Parmi eux, Benz et Menachem qui, encore unis, se souviennent de la guerre et tentent de préserver le souvenir des vies livrées à la défense de l’Etat d’Israël.