Son nom était Netta

Assassiné le matin du 7 octobre, il a héroïquement sauté sur une grenade pour protéger sa fiancée. En cette Journée internationale des victimes du terrorisme, nous nous souvenons de l’âme compatissante et joyeuse qu’était Netta Epstein.

20.08.25
L’équipe éditoriale de Tsahal

Ayelet Epstein est assise dehors, sur la terrasse de leur maison familiale à Matan. À ce moment-là, cela ressemblait à un repas de fête comme tant d’autres, personne n’imaginait que ce serait la dernière soirée qu’ils partageraient tous ensemble. C’était le 6 octobre, la fête de Sim’hat Torah. La dernière fois que Netta, son fils, s’est assis auprès de sa famille.

Netta est né à Kfar Aza, dans un foyer chaleureux. Enfant énergique, il passait ses journées dehors, courant, jouant au football. « C’était une grande passion pour lui, explique Ayelet. Il adorait regarder les matchs et jouer avec ses amis. Il avait beaucoup d’amis. Et des amies aussi. » Elle sourit en se souvenant.

Irène était la fiancée de Netta. « Elle était différente, leur relation était sérieuse dès le début. » Les deux jeunes s’étaient rencontrés tôt, mais avaient toujours été sûrs de leur avenir ensemble. Ils savaient rapidement qu’ils voulaient se marier, et avaient même fixé une date de mariage. « Ils avaient déjà choisi des prénoms pour leurs futurs enfants, » raconte Ayelet avec tendresse. Leur couple était soudé, avec un futur prometteur.

Irène et Netta

Dans sa courte vie, Netta a répandu la joie auprès de chaque personne croisée. « C’était simplement une âme heureuse, » résume Ayelet. Il portait une profonde tendresse pour les personnes âgées et une compassion particulière pour les enfants en situation de handicap. Quelle que soit la langue, la culture ou les circonstances, Netta avait le don de créer un lien immédiat : « Il devenait ton ami sur-le-champ. »

Ses valeurs l’ont accompagné jusqu’à son dernier souffle. Dans ses ultimes instants, sa seule intention fut de protéger ceux qu’il aimait.

La veille du 7 octobre, Netta était rentré avec Irene dans leur appartement à Kfar Aza, après leur réunion familiale à Matan. « Nous nous sommes couchés en pensant que le lendemain nous irions au festival des cerfs-volants, “‘Afifon-niada”, où chacun fabrique son propre cerf-volant et le fait voler dans le ciel », se souvient Ayelet. « Ils s’envolent en direction de Gaza. Cela a toujours été un symbole de paix et de liberté. » Elle marque une pause, tandis que les souvenirs de ce matin-là refont surface.

« Nous avons été réveillés par la première sirène, juste avant 6h30. » Au-dessus de leurs têtes, on entendait les roquettes fendre le ciel, les explosions, les tirs. Les cris. « Nous savions que ce n’était pas un exercice, mais personne ne mesurait encore l’ampleur de ce qui se passait. Ayelet appela immédiatement Netta pour s’assurer qu’il était réveillé et qu’il comprenait la gravité de la situation.

Le kibboutz était envahi par des centaines de terroristes. Des habitants gisaient dans leur propre sang, assassinés sur le pas de leur porte. « Peu après 11 heures, Netta m’a envoyé son dernier message : “Maman, ils sont là.” »

À ce moment-là, trois terroristes firent irruption dans l’appartement de Netta. Ils pénétrèrent dans la pièce sécurisée où Netta et Irene s’étaient réfugiés. Tout se déroula en quelques secondes. Ils lancèrent une grenade, et sans la moindre hésitation, Netta se jeta immédiatement dessus. « Il est mort sur le coup. »

Une vie entière s’est éteinte en un battement de cœur.

Par son acte de bravoure et d’abnégation, Netta a sauvé la vie de sa fiancée. « Il l’a sauvée deux fois », insiste Ayelet. En se jetant sur la grenade, Netta a protégé Irene de l’explosion, mais la manière dont il est tombé l’a également dissimulée tout du long. Les terroristes ne l’ont jamais aperçue derrière le corps de Netta, lui permettant d’échapper au sort tragique que tant d’autres ont subi ce jour-là.

Irene est restée silencieuse jusqu’à ce que les terroristes disparaissent de son champ de vision. Figée pendant des heures, brisée, tremblante, elle est demeurée aux côtés du corps de son fiancé, son sauveur, l’homme qui avait donné sa vie pour protéger la sienne.

Au total, 64 personnes ont été assassinées à Kfar Aza le 7 octobre. « Il n’existe pas de douleur comparable à celle-là ; rien ne peut s’approcher de ce que nous avons traversé ce jour-là », confie Ayelet en essuyant une larme.

« C’est comme perdre une partie de son corps », dit-elle pour décrire la douleur d’avoir perdu son fils. Leur relation était très proche, jusqu’au bout. « Il me manque chaque jour, chaque heure, chaque minute. Son absence est la chose la plus difficile. »

La famille de Netta lors de ses funérailles

Lorsqu’on lui demande ce qui lui manque le plus chez Netta, Ayelet répond sans hésiter : « Son esprit joyeux. Sa capacité à entrer dans la maison et à rassembler tout le monde dans le rire, à raconter des blagues et à chanter. » Sa mère se souvient de lui comme d’une force d’unité, qui tissait des liens profonds avec ceux qu’il aimait.

Netta a servi dans la Brigade des Parachutistes. À l’approche d’une de ses permissions, il appela sa mère : « Maman, on a rendez-vous. Juste toi et moi, pas papa, pas mes sœurs, juste nous deux. Et c’est toi qui choisis l’endroit. »

« J’ai choisi notre restaurant préféré. Nous sommes restés assis des heures, à manger, à rire, à parler. C’est probablement l’un de mes plus beaux souvenirs avec lui », raconte Ayelet. Netta n’aimait pas être pris en photo, et Ayelet souligne qu’elle devait toujours l’y forcer. Ce soir-là, à la fin du repas, lorsqu’elle demanda une photo ensemble, elle s’attendait déjà à son refus habituel. Mais sa réponse fut : « Maman, c’est ta soirée, alors allons-y. » Ayelet en fut agréablement surprise.

« Je pleure chaque fois que je regarde cette photo. Mais c’est bien ainsi. »

Netta et Ayelet dans leur restaurant préféré

Se souvenir de Netta fait partie de chaque journée. « Les journées de commémoration sont difficiles pour nous. La première a été comme revivre ses funérailles », confie Ayelet. La famille de Netta a choisi de commémorer sa mémoire le jour de son anniversaire. La journée commence au cimetière, puis amis et proches se réunissent pour célébrer la vie qu’il a menée, autour de musique et de nourriture. Pour eux, l’essentiel est de prolonger l’unité et la joie que Netta apportait partout où il allait.

Ayelet conclut l’entretien par un message adressé à son fils :

« Si tu étais ici en ce moment, je te dirais à quel point tu nous manques, et combien nous t’aimons. Nous essayons de continuer à vivre, d’être heureux, pour toi et pour nous. Irene fait partie de notre famille, comme une fille pour moi, nous l’aimons. J’aimerais tellement que tu puisses voir cela. »

La famille de Netta a également créé un centre de formation destiné aux accompagnants de personnes en situation de handicap, appelé « Team Netta ». Ce centre fonctionne sous l’égide du Jordan River Village et s’appuie sur la philosophie éducative ainsi que sur l’expertise professionnelle développées là-bas. Team Netta a pour vocation de constituer une communauté d’animateurs et de jeunes leaders œuvrant pour un avenir meilleur.

Pour contribuer à faire perdurer l’héritage que Netta a laissé derrière lui, consultez le lien ci-dessous.

Le site de Team Netta

Remember Netta Epstein Instagram